10.

La Nouvelle-Orléans était une ville tout simplement fabuleuse. Lark y serait bien resté pour toujours. L’hôtel Pontchartrain était petit mais on ne peut plus confortable. La suite spacieuse qu’il avait sur l’avenue était décorée de meubles agréables et traditionnels et la cuisine du Caribbean Room était la meilleure qu’il ait jamais goûtée. San Francisco pouvait attendre. Aujourd’hui, il avait dormi jusqu’à midi, puis dégusté un fantastique petit déjeuner comme on les faisait dans le Sud. Avant de rentrer chez lui, il apprendrait à confectionner du gruau de maïs. Et ce café à la chicorée était inoubliable. La première fois, il avait un goût épouvantable mais, ensuite, on ne pouvait plus s’en passer.

Mais ces Mayfair le rendaient complètement dingue. C’était la fin de son deuxième jour dans cette ville et il n’avait encore rien fait. Il était assis jambes croisées sur le long canapé de velours doré en forme de L et griffonnait sur son carnet pendant que Lightner téléphonait dans la pièce voisine. Il avait l’air exténué quand il était rentré à l’hôtel. Lark estimait qu’il aurait dû monter se reposer dans sa chambre. Un homme de cet âge devrait faire des siestes. Il ne pouvait s’agiter jour et nuit comme il le faisait.

Il entendit le vieil homme hausser le ton dans la pièce d’à côté. Son interlocuteur avait l’air de franchement l’énerver.

Évidemment, ce n’était pas la faute de la famille si Gifford Mayfair était morte et si les deux derniers jours avaient été entièrement consacrés à la veillée mortuaire et aux funérailles. Lark n’avait encore jamais eu l’occasion d’assister à de telles démonstrations de chagrin. Lightner n’avait cessé d’être sollicité par les femmes de la famille, d’être envoyé en commission, d’être appelé pour un conseil.

Lark était allé à la veillée par curiosité. Il avait du mal à imaginer Rowan Mayfair parmi ces étranges et volubiles gens du Sud, qui parlaient des vivants et des morts avec un égal enthousiasme. C’était des gens tout ce qu’il y avait de plus huppé. A chacun sa Beamer, sa Jaguar ou sa Porsche. Les bijoux avaient l’air vrais. Le patrimoine génétique de la famille comprenait la beauté et tout ce qui allait avec.

Et puis, il y avait le mari. Tout le monde protégeait ce Michael Curry. Au premier abord, il faisait plutôt ordinaire mais, en fait, il était aussi beau que les autres. Bien nourri, bien habillé. Rien à voir avec quelqu’un qui venait de faire une crise cardiaque.

Là-bas, sur la côte, Mitch Flanagan était en train d’étudier l’ADN de Curry et y avait découvert les mêmes bizarreries que chez Rowan. Selon l’habitude du Keplinger Institute, Flanagan s’était « débrouillé » pour obtenir le dossier de Michael Curry à son insu. Et Lark n’arrivait pas à joindre Flanagan.

Il n’avait pas répondu au téléphone, ni la veille au soir ni le matin. Lark était tombé chaque fois sur un répondeur qui, sur fond musical, lui avait demandé de laisser ses coordonnées.

Lark n’aimait pas ça du tout. Pourquoi Flanagan l’évitait-il ? Lark voulait voir Curry, lui parler, lui poser certaines questions.

Il avait pris du bon temps depuis son arrivée : une bonne cuite la veille et, ce soir, un dîner chez Antoine avec deux confrères de Tulane. De vrais poivrots, ces deux-là, mais il avait des affaires à régler ici et, maintenant que Mme Ryan Mayfair était enterrée, il pourrait peut-être s’en occuper.

Il arrêta de griffonner lorsque Lightner entra dans la pièce.

— Mauvaises nouvelles ? demanda-t-il.

Lightner s’assit comme d’habitude dans le fauteuil Morris et réfléchit, un doigt posé sous sa lèvre, avant de répondre. Les manières de cet homme au teint pâle et aux cheveux blancs étaient tout à fait désarmantes. Il semblait à bout de forces. C’était plutôt pour son cœur à lui qu’il fallait s’inquiéter.

— Eh bien, dit Lightner, je me trouve dans une position délicate. Il semble que ce soit Erich Stolov qui ait récupéré les vêtements de Gifford en Floride. Il est venu ici également. Il a pris ses vieux vêtements au salon mortuaire. Et il est parti avec sans m’en toucher un seul mot.

— Il fait pourtant partie de votre bande.

— Oui, répondit Aaron avec une légère grimace. Il fait partie de ma bande, comme vous dites. Et, selon le Supérieur général, les Aînés me conseillent de ne pas me mêler de « cette partie » de l’enquête.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

Lightner se calma avant de répondre. Puis il leva les yeux.

— Vous m’avez parlé de tests génétiques sur toute la famille. Voulez-vous aborder le sujet avec Ryan ? Je crois que demain matin sera le bon moment.

— Je suis tout à fait pour. Mais vous rendez-vous compte dans quoi ils vont mettre les pieds ? Ils prennent un sacré risque. Parce que si nous découvrons des maladies congénitales ou des prédispositions à certains états, cela aura des conséquences importantes, qui peuvent aller jusqu’à des problèmes d’assurance maladie ou d’aptitude au service militaire, par exemple. Bien sûr que je veux le faire mais je préférerais d’abord me consacrer entièrement à Michael Curry. Et à cette Gifford. Y a-t-il un moyen de se procurer son dossier ? Je crois que ça vaut la peine de s’occuper de ça. Ryan Mayfair m’a tout l’air d’un juriste avisé. Il ne marchera pas pour les tests génétiques sur toute la famille. Il serait fou d’accepter.

— Je ne suis pas vraiment dans ses bonnes grâces, en ce moment. Si je n’étais pas si lié avec Béatrice Mayfair, il se méfierait encore bien plus de moi, et à juste titre.

Lark avait vu la femme dont Lightner parlait. Elle était venue à l’hôtel pour annoncer la mort tragique de Gifford Mayfair. C’était une femme charmante à la taille fine et aux cheveux relevés en chignon. Elle avait subi le lifting le plus réussi qu’il ait vu depuis plusieurs années et elle n’en était probablement pas à son premier. Des yeux étincelants, des joues parfaitement sculptées et juste une petite marque révélatrice entre le menton et le cou, qu’elle avait aussi souple que celui d’une jeune femme. Elle était donc avec Lightner. Il aurait dû le comprendre à la veillée. Elle n’avait cessé de s’accrocher désespérément à lui et, plusieurs fois, il l’avait embrassée. Lark espérait qu’il aurait autant de chance que lui quand il aurait quatre-vingts ans. Enfin, s’il arrêtait de picoler.

— Écoutez, dit-il, si Gifford Mayfair a un dossier médical dans cette ville, je pense pouvoir me le procurer par le Keplinger Institute. Confidentiellement, bien entendu, sans que personne ne s’en rende compte.

Lightner fit une grimace et hocha la tête comme s’il trouvait cette idée écœurante.

— Pas sans leur consentement, dit-il.

— Mais Ryan Mayfair ne le saura jamais. Laissez-moi m’en occuper. Mais je veux voir Curry.

— Je comprends. Je peux également arranger ça pour demain. Ou même plus tard dans la soirée. Il faut que je réfléchisse.

— À quel sujet ?

— À tout ça. Je dois comprendre pourquoi les Aînés ont autorisé Stolov à venir ici et à intervenir comme il l’a fait, au risque de déplaire à la famille.

Le vieil homme avait plus l’air de réfléchir tout haut que de demander un avis à Lark.

— Vous savez, reprit-il, j’ai passé toute ma vie à faire des recherches sur les phénomènes parapsychiques et c’est la première fois que je m’implique autant. J’éprouve un besoin de loyauté de plus en plus fort envers cette famille et je m’inquiète pour elle. J’ai honte de ne pas être intervenu avant que Rowan ne parte mais les Aînés m’avaient donné des directives très précises.

— Eh bien, ils ont l’air de penser eux aussi que cette famille est bizarre sur le plan génétique. Nous ne sommes pas les seuls à nous intéresser aux caractères héréditaires. Hier soir, à la veillée, six personnes au moins m’ont dit que Gifford avait des pouvoirs parapsychiques et qu’elle avait vu « l’homme ». C’est une sorte de fantôme de la famille, à ce qu’il paraît. On m’a dit qu’elle possédait plus de pouvoirs qu’elle ne voulait le reconnaître. Je crois que vos amis du Talamasca sont tout simplement sur la même piste que nous.

Lightner mit du temps à répondre.

— Justement, c’est là le problème. Nous devrions être sur la même piste mais je ne suis pas certain que ce soit le cas. Tout ceci est… déconcertant.

La sonnerie du téléphone les interrompit. Lark décrocha.

— Docteur Larkin, dit-il, comme toujours. (Un jour, il l’avait même fait en décrochant le téléphone d’une cabine publique dans un aéroport.)

— C’est Ryan Mayfair, dit la voix à l’autre bout du fil. Êtes-vous le médecin de Californie ?

— Oui, je suis heureux de vous entendre, monsieur Mayfair. Je n’ai pas voulu vous déranger depuis mon arrivée. Le moment était mal choisi. Mais je peux prolonger mon séjour jusqu’à demain.

— Aaron Lightner est-il avec vous, docteur ?

— Oui, absolument. Dois-je vous le, passer ?

— Non. Écoutez-moi, s’il vous plaît. Édith Mayfair est décédée tôt ce matin d’une hémorragie utérine. Elle était la petite-fille de Lauren Mayfair par Jacques Mayfair, mon cousin et celui de Gifford. Et de Rowan, d’ailleurs. Il lui est arrivé exactement la même chose qu’à ma femme. Elle s’est vidée de son sang, seule dans son appartement d’Esplanade Avenue. Sa grand-mère l’y a découverte cet après-midi après les obsèques. Je crois que nous devrions reparler de cette question de tests génétiques. Il semble que des problèmes… font surface dans notre famille.

— Mon Dieu ! murmura Lark.

La voix de l’homme était si égale, si froide.

— Pouvez-vous venir à mon bureau ? demanda Ryan. Et demandez à Lightner de vous accompagner, s’il vous plaît.

— Absolument. Nous serons là dans…

— Dix minutes, dit Lightner, déjà debout.

Il prit l’appareil des mains de Lark.

— Ryan, dit-il, faites passer le mot à toutes les femmes de la famille. Essayez de ne pas les alarmer mais aucune d’elles ne doit rester seule. Si quelque chose se produit, il faut qu’il y ait quelqu’un pour appeler les secours. De toute évidence, ni Gifford ni Édith n’ont pu le faire. Je sais ce que je vous demande… Oui. Oui. Toutes, sans exception. C’est le seul moyen. Oui, nous nous verrons dans dix minutes.

Les deux hommes quittèrent la suite, préférant l’escalier à l’élégant petit ascenseur.

— D’après vous, qu’est-ce qui se passe ? demanda Lark. Je veux dire, que signifie ce décès identique à celui de Gifford ?

Lightner ne répondit pas. Il avait un air lugubre.

— Et, au fait, vous avez une super-audition ou quoi ? Comment avez-vous su ce qu’il me disait au téléphone ?

— Super-audition, c’est ça, murmura Lightner.

En sortant de l’hôtel, ils montèrent directement dans un taxi en attente. L’air était légèrement frais mais contenait une espèce de chaleur parfumée. Quelle que soit la direction de son regard, Lark voyait de la verdure et, de temps à autre, quelque objet au charme suranné. Un vieux réverbère, par exemple, ou un balcon en fer forgé accroché à la façade d’une maison.

— Le problème, dit enfin Lightner, comme pour lui-même, est : qu’est-ce que nous allons pouvoir leur dire ? Vous savez très bien ce qui se passe. Cela n’a rien à voir avec une maladie génétique, sauf dans le sens le plus large du terme.

Le chauffeur de taxi prit un virage en épingle à cheveux et les deux hommes se cognèrent l’un contre l’autre à l’arrière.

— Je ne vous suis pas, dit Lark. Non, je ne sais pas ce qui se passe. Apparemment, ça m’a tout l’air d’être un avortement spontané.

— Oh, Lark ! Ouvrez un peu les yeux. Vous le savez aussi bien que moi. Il essaie de s’accoupler avec elles. Vous m’en avez parlé vous-même, vous vous rappelez ? Rowan voulait savoir si la créature pouvait s’accoupler avec des êtres humains. Elle voulait un examen génétique complet de tous les échantillons.

Lark était abasourdi. Il n’avait jamais pensé sérieusement à tout ça. Une fois de plus, il se rendit compte qu’il n’avait jamais réellement cru à cette nouvelle espèce d’être, à cette créature que Rowan Mayfair avait mise au monde. Tout au fond de son esprit, il était toujours parti du principe qu’il y avait bien une explication « naturelle ».

— C’est naturel, dit Lightner. Le mot « naturel » est trompeur. Je me demande si je vivrai assez longtemps pour le voir de mes propres yeux. Je me demande s’il est réellement capable de raisonner, s’il possède une maîtrise de soi humaine, si son esprit est doté d’une forme quelconque de morale, à supposer qu’il ait un esprit au sens où nous l’entendons…

— Aaron, suggérez-vous sérieusement qu’il s’attaque à ces femmes ?

— Je suis on ne peut plus sérieux. C’est une évidence. Pourquoi croyez-vous que le Talamasca ait pris les vêtements tachés de sang de Gifford ? Il l’a fécondée et elle a perdu l’enfant. Docteur Larkin, j’aimerais que les choses soient bien claires. Je comprends votre intérêt scientifique pour tout ceci, de même que votre loyauté envers Rowan. Mais il se peut que nous n’ayons plus jamais aucun contact avec Rowan.

— Seigneur !

— Il vaudrait mieux que vous révéliez exactement ce que vous savez. Dans un instant, nous allons annoncer à la famille que cette créature rôde dans les environs. Nous n’avons pas le temps d’évoquer de vagues maladies génétiques ou des tests. Nous n’avons pas le temps de rassembler des données. La famille est trop vulnérable. Vous rendez-vous compte que cette femme est morte pendant que la famille enterrait Gifford ?

— Vous la connaissiez ?

— Non. Je sais seulement qu’elle avait quarante-cinq ans, qu’elle vivait volontairement en recluse et qu’on la considérait un peu comme l’idiote de la famille, comme ils disent, mais qu’elle était loin d’être la seule dans ce cas. Sa grand-mère, Lauren Mayfair, n’avait pas une très bonne opinion d’elle. En fait, je suis pratiquement convaincu qu’elle s’est rendue chez elle cet après-midi pour lui reprocher de ne pas avoir assisté aux obsèques de sa cousine.

— Si seulement j’avais le moindre indice sur l’endroit où se trouve Rowan.

— Quel optimiste vous faites ! dit Lightner avec amertume. Des indices, nous en avons, mais aucun ne nous permet de penser que vous ou moi allons revoir Rowan Mayfair.

 

L'heure des Sorcières
titlepage.xhtml
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Rice,Anne-[Sorcieres Mayfair-2]L'heure des Sorcieres(1993).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html